La nécessité d’une vraie fonction artistique et thérapeutique

 

1 L’art-thérapie une pratique en pleine expansion sur le plan privé et institutionnel

Henri Marcoux, en tant que psychanalyste Balintien rare est superviseur de notre pratique thérapeutique. Sa rencontre singulière nous permettra de mieux comprendre les sources, les tenants expérimentaux, et théoriques de ce qui fonde notre collaboration. Puis nous connaissant mieux, nous allons plonger dans l’expérience « Passages » lorsque Henri Marcoux collaborait avec Jean Broustra dans le cadre de l’Hôpital Garderose de Libourne. Nous verrons comment cet exemple de pratique singulière conjugué au passé résonne encore actuellement. Enfin, pour clore cette partie qui expose des individus singuliers, nous traverserons quelques études de cas traités en co-thérapies dont deux avec François Granier (CHU DE PURPAN). Nous dégagerons ainsi l’intérêt des interactions entre cabinets et pratiques marginales et espaces institutionnels. Les uns et les autres se répondant et offrant des lieux complémentaires et utiles lorsqu’ils sont articulés vers le même objectif.

L’art-thérapie institutionnelle est un paysage diversifié, avec des strates et des courants et des contre-courants qui servent à maintenir une permanence dans l’impermanence des idées et des intentions. C’est de la conscience de ces coexistences structurelles que surgissent les échappées créatives. En effet, lorsque les tensions internes sont trop fortes, c’est l’individu qui paie le coût psychique des dysfonctionnements. Nous allons découvrir un exemple marginal de mise en relation et d’ouverture à la coopération entre supervision Balint et le contexte institutionnel. Au fil de l’étude de cas « La couture pour reprendre le fil de sa vie », nous verrons comment  un individu qui travaille au sein de la structure institutionnelle (un exemple choisi en Suisse) vit et porte en lui les contradictions internes. Comment la structure admet la violence et comment la créativité dans la supervision Balint, résout des situations déchirantes en se situant dans un vrai espace de neutralité bienveillante hors des enjeux de pouvoir internes.

Pour terminer cette démonstration de l‘utilité de la coopération thérapeutique, nous verrons l’expérience lumineuse d’un jeune homme suffisamment soutenu par la prise en compte systémique de sa problématique. Il trouvera les ressources pour ré écrire le roman de sa famille, en ne subissant plus les trous des non-dits mais re créant sa vie.

Le processus de création est imprévisible, il rebondit et sonne juste quand j’ai l’impression d’avoir donné. J’ai la sensation profonde, océanique d’être apaisée, complète, unie. Le cheminement d’écriture de ce mémoire, décrit une forme de psychologie empirique dans le passage de su-jet à pro-jet confirmant l’hypothèse intuitive de Michael Balint, que « le processus de création est imprévisible ».

Ce qui est important de comprendre comme le dit Arno Stern, l’atelier d’Art-Thérapie n’existe et n’a de sens que par celui qui l’anime et en même temps, il va bien plus loin que la personne. Les livres écrits par Arno Stern sur sa pratique à lui sont autant d’éléments fondamentaux pour la pratique des autres dans l’Art-Thérapie.

 

On retrouve la conjugaison sémiotisation / sémantisation et on retrouve l’acte créateur à la fois singulier et universel. En ce sens la compagnie «LA VIE d’ARTISTE» et tout atelier d’Art-Thérapie doit être une création, en création, en permanence sinon il devient une répétition qui produit de l’Art-Thérapie, cette inertie que risque l’institution.

 

2 La nécessité d’une vraie fonction artistique et thérapeutique

Un art-thérapeute psychanalyste offrira un cadre sécurisant pour oser la rencontre nécessaire avec soi, en décomposant les éléments psychiques qui ont conduit la personne dans cet état. La libération de ces poids par la compréhension du système et de la place du « je » : c’est la danse du présent dans la relation analytique.

L’art surgit comme un moyen thérapeutique dans le fruit de l’écoute. La mise en cohérence de la personne est une conjugaison d’énergies et de talents. Par exemple Noémie voudra jouer du piano. Des petites mélodies désarticulées et timides qui à bien les écouter racontent et signifient « l’aube », « Une chevauchée », « L’éveil ». En écoutant encore mieux ses compositions, je découvre que l’éclatement psychique qui avait été produit par une crise de délire mystique, semble trouver une résolution. L’autre peut l’entendre, le comprendre et le traduire. L’autre c’est l’art thérapeute dans un vêtement de compositeur. Nous reprenons les morceaux épars. Ensemble, mais c’est Noémie qui propose, nous entrons dans son espace de création. La preuve pour moi, sera de la savoir capable de jouer partout, chez elle, ailleurs, à l’hôpital de Purpan4 quand elle en a besoin. Elle se relie, elle fait le lien. L’objet piano dans le hall du premier étage s’occupe de relier, objet vivant investi librement et posé là, consciemment.

 

Cette petite métaphore permet de faire une synthèse entre les différents courants et les cheminements qui mènent à notre pratique marginale de l’Art-thérapie ; le pluriel, le nous existe dans la pratique, l’expérience, les relations co-thérapeutiques. Je cherche toujours ce but, celui d’aller un peu plus loin,  de conjuguer les efforts. Se joindre se réunir, (Henri M* et moi) en vue d’obtenir un effet précis (l’action thérapeutique) par une action commune (l’art-thérapie). Nous conjuguons nos efforts dans un cadre original de  «LA VIE d’ARTISTE», cadre associatif, libre, indépendant fait à notre dimension humaine et artistique en même temps. C’est ce que nous sommes : à la fois artistes et à la fois psychanalystes.

 

La supervision Balint au sein de «LA VIE d’ARTISTE»

C’est la force d’un travail d’équipe, la mise en œuvre de l’intelligence de groupe que nous tendons à faire vivre. En s’appuyant sur nos ressources propres mais sur une convergence théorique et des objectifs sains. C’est osé dans ce monde incertain mais nous y trouvons cette satisfaction profonde, plus puissante que les tensions psychiques qu’il nous faut encaisser souvent en relation individuelle.

 

 « Le sujet schizophrène a une enveloppe corporelle « trouée », répercutée dans le discours dissocié, le corps profond, viscéral, effondrant la surface pour faire irruption comme la lave à travers les fractures d’un séisme » Jean Broustra28